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Parce qu'il faut toujours un commencement...

L'histoire commence en 1983. Le marché de la micro informatique grand-public est saturé par la profusion de systèmes différents et totalement incompatibles entre eux. En dehors de quelques irréductibles, tout le monde réclame à grand cris une standardisation. Peu de gens savent alors que des compagnies Japonaises travaillent depuis les années 70 (bien avant IBM) à un standard micro-informatique, notamment ASCII, Sony et Matsuchita (filiale de Panasonic).

C'est le 1er Avril 1983 qu'un ingénieur d'ASCII, Kazuhiko Nishi, âgé de 26 ans, présente les données techniques du standard, baptisé MSX. Bill Gates, déjà désireux de gouverner la planète, sent le moment venu de passer à l'attaque, mais bien que déjà à l'origine du DOS, il ne sent pas le PC capable de séduire une majorité d'utilisateurs, et préfère se tourner vers le MSX (la signification du sigle MSX est mystérieuse, certaines rumeurs prétendent que cela vient de "Matsuchita Sony X", et d'autres disent que c'est l'abréviation de "Microsoft Extend"). Le standard est lancé fin 83, et d'emblée, une vingtaine de mastodontes Japonais (Sony en tête, mais aussi Spectravideo, Sanyo, Yamaha, Mitsubishi, Daewoo, Toshiba, entre autres) plus deux européens (Philips et Dragon), signent pour fabriquer des ordinateurs compatibles.

Le MSX repose sur le fameux CPU Zilog Z80 cadencé à 3.5 Mhz, un processeur sonore Yamaha PSG 3 voies performant pour l'époque (surtout comparé au PC speaker), une résolution d'écran de 256x192 en 16 couleurs, un clavier pro quel que soit le modèle et une RAM allant de 16 à 64 Ko selon les modèles. Ajoutons quelques nouveautés technologiques inconnues au bataillon, comme les puces SCC insérées dans les cartouches de jeux qui ajoutent 5 voies sonores aux 3 du PSG, une interface synthé FM-PAC nommée MSX-Music pour les musiciens, et même la lecture de laserdiscs vidéos, chose rarissime dans les années 80, possible avec le modèle Palcom de chez Pioneer (une fortune seulement disponible au Japon).

Après un démarrage pénible, le MSX s'installe sur le marché et devient peu à peu un succès d'ampleur mondiale, sans pour autant atteindre les objectifs de ses créateurs. Triomphe au Japon, au Brésil, en URSS, en Espagne, dans le Bénélux et en Allemagne. Par contre, aux USA, c'est le bide, et Microsoft quittera rapidement le navire. En France le MSX est sabordé par une commercialisation bâclée (très peu d'importateurs, des prix exagérés, aucune information sur les produits, des MSX peu puissants vendus plus chers que d'autres mieux équipés, etc…) et par un accueil déplorable de la presse spécialisée qui ne jure que par Amstrad. On se souvient des articles méprisants parus dans SVM, de la mauvaise foi du magazine Tilt qui présentait systématiquement les versions MSX des jeux comme moins bonnes techniquement que les versions C64 ou CPC, parfois en dépit de la vérité, et des articles incendiaires d'Hebdogiciel qui en avait après Microsoft et Philips.

Heureusement, deux magazines dédiés (l'éphémère Standard MSX et l'hilarant MicrosMSX et ses articles ultra-engagés) permettront aux adeptes de profiter d'excellents listings de jeux en BASIC Microsoft et d'informations en provenance du Japon plus ou moins vérifiées. En fin de carrière, le MSX est soldé à 500FF la machine et connaît un regain d'activité, avant de devenir un réel succès grâce au dynamisme de deux boutiques parisiennes, Maubert Electronic (qui importe des super jeux japonais en cartouches, notamment développés par Konami) et MSX Vidéo Center qui lance un magazine dédié, MSX News, plus tard rebaptisé Micro News. Incroyable quand même de savoir qu'un système informatique ne doit son salut dans un pays de 55 millions d'habitant qu'à deux boutiques.

Le MSX est revu et corrigé en 1985, c'est la naissance du MSX 2, toujours basé sur un Z80 pour être compatible avec son prédécesseur, muni de 128 ou 256 Ko de RAM, affichant des résolutions de 512 x 212 en 16 couleurs ou 256 x 212 en 256 couleurs, ce qui permet de réaliser de très jolis jeux, mais le Z80 n'est qu'un 8 bits, et les 16 bits sont déjà là, (Atari ST et Amiga) et le MSX 2 se retrouve laissé pour compte, seulement suivi par Philips et Sony. Une autre génération, le MSX 2+, voit le jour en 1987, améliorant le son (9 voies stéréo) et les graphismes en affichant du 256 x 212 en 19268 couleurs, mais elle ne passe pas les limites du Japon.

Par la suite, après l'abandon du standard par les dernières marques Japonaises, Matsushita assume seul la suite des opérations, avec la dernière incarnation du MSX, le MSX Turbo-R, qui adjoint au Z-80 un CPU R800 (16-bits), le FM-PAC intégré en série et des utilitaires stockés en ROM. Seulement 3 modèles de MSX Turbo-R seront produits, le FS-A1-ST, le FS-A1-GT et le FS-A1-XT, tous compatibles MSX, mais qui ne sortiront qu'au Japon. De nos jours, le MSX fait partie d'un passé obscur pour certains, inoubliables pour d'autres. Il faut savoir que c'est sur MSX que des jeux comme Castlevania ou Nemesis ont vu le jour et que d'autres classiques comme Galaga ou Arkanoïd furent adaptés sur cette plate-forme à la perfection. Grâce à Internet et aux émulateurs, des centaines de jeux et d'applications continuent de procurer du plaisir aux ex-fans ! On l'a dit, la majeure partie des jeux du MSX sont d'origine Japonaise, et beaucoup d'entre eux sont des coups d'essai qui se sont concrétisés sur Nintendo NES. En tête de liste des pourvoyeurs de jeux de qualité figure Konami, bien sûr, mais des sociétés comme HAL Laboratories, Hudson Soft ou même Namco ont aussi créé de petites merveilles. En Europe, le MSX a aussi beaucoup inspiré les éditeurs. Certains se sont même spécialisés dans le standard. C'est le cas d'Aackosoft, que les possesseurs de MSX connaissent bien pour les innombrables daubes que cette société Hollandaise a mis sur le marché en les emballant dans de luxueux boîtiers qui promettaient des jeux révolutionnaires. Dans le cas de certaines adaptation de jeux d'arcade, ce sont mêmes directement les captures d'écran de la version arcade qui étaient montrées ! En Angleterre, certaines sociétés qui marchaient bien sur Spectrum, Commodore 64 et Amstrad CPC ont adapté une partie de leur catalogue, comme les jeux Ultimate (dans de superbes versions), Ocean, Imagine ou Gremlin Graphics, qui s'était plus investi dans le MSX. D'autres jeux, plus rares, mais souvent excellents, arrivèrent d'Espagne, non traduits. Tous les jeux Japonais étaient stockés sur cartouches, les jeux Européens étant, eux, sur cassette, puis sur disquettes avec le passage au MSX 2.

L'Emulation MSX porte un nom : Marat Fayzullin. Ce Russe (dans son pays, le MSX a marché très fort en tant qu'ordinateur adopté par le système éducatif national) a mis au point une émulation du Z80 parfaite qui a abouti à F-MSX DOS (crée par Marcel de Kogel), un émulateur MSX fabuleux qui fait marcher pratiquement tout. Il faut dire qu'étant d'origine Microsoft, le MSX est un peu le fils caché du PC, le Basic étant de Microsoft, et les MSX 2 utilisant le MSX-DOS, très proche du MS-DOS qui croupit au fond de votre disque dur.

CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DU STANDARD MSX
CPU TMS7041 et TMS7020
8 / 16 / 32 bits 8 bits
Fréquence --- MHz
ROM 38 Ko
RAM 34 Ko
Mode texte 25 x 40 (compatible Videotext)
Mode graphique 320 x 250 en 8 couleurs
Son ---
Clavier AZERTY gomme de 61 touches
Extensions RS232, Parallèle, sortie vocale
Prix 3 190 FF
1ère commercialisation Monde Septembre 1984
1ère commercialisation France Septembre 1984

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